Hébergé et animé par Toutlopéraoupresque, L’Agenda Ironique de ce mois de mars 2024 a pour thème principal, « les créatures fantastiques », avec, pour contrainte supplémentaire, d’utiliser les mots : calenture, dictame ou phénakistiscope.
Caresses fantasmagoriques
A mon père, mon oncle et leurs sœurs.
Ah… la toux discrète de ces femmes attablées qui signalait, à ma venue, la nécessité de soustraire à mes enfantines esgourdes la nature secrète (pour le moins, inappropriée) de leur conciliabule, soudain évanoui comme le bruit d’une mouche qui volète… Il m’en reste le sentiment confus d’être à la fois l’objet précieux de leur délicatesse autant que déjà par trop masculin pour accéder à leurs échanges initiés de prophétesses.
Ah… le pas léger de mes tantes, dans le couloir, passant devant ma chambre plongée dans le noir, tandis qu’elles se rendaient – allez savoir ! au-delà du jardin, vers quelque obscure foire… Il ne trahissait rien de leurs formes replètes, au fringant embonpoint de vénus callipyge, mais il me signifiait combien la fragilité de ma corpulence m’interdisait l’accès à leur nocturne danse et son caribéen déluge de vertiges, de transes…
Ah… cette calenture qui me prenait parfois, quand, parvenu sur leur île touffue et bravant sur ma planche la crête des vagues folles, j’entendais monter, depuis la plage de Deshaies, leurs volcaniques éclats de rire et leurs chansons créoles, invoquant – selon moi, quelques divines forces tropicales… Bien trop pour moi ! petit neveu nimbé d’orgues occidentales… A mon retour, retour de flamme ! leurs embrassades m’étaient un bien maigre dictame…
Oh… que me pèse leur absence ! Endeuillé dès l’adolescence – une à une, en un tournemain, raflées par le Crabe en leur sein, mon cœur mature fut souvent proche de la syncope à feuilleter, en vain effort, tel un magique phénakistiscope, ce vieil album de souvenirs, bardé de fêtes, en tentant de réanimer l’improbable quintet de mes chères aînées… Maintenant que je me présente devant toi, Juge Suprême; me feras-tu l’insigne honneur de me conduire jusqu’à elles ?
Alors, de loin, de très très loin, du bout du monde, me viennent les parfums de bonnes choses à manger(*)… Comme au sortir d’une terre ‘Where the wild things are’, des effluves de chocolat me tirent de dessous les draps, me dirigent vers la cuisine où mes tantes ont déjà les mains dans la farine.
Bien qu’elle soit aujourd’hui latente, je me complais à déployer leur ironie caressante…
Illustration : “Porcelaine de Meissen”, ©2024 Photonanie.
*repris de « Max et Les Maximonstres », M. Sendak, 1963.
tiniak ©2024 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ ! ⓁⓄⓋⒺ !
Supplément d’âme, fort sympathiquement proposé par Photonanie…
Callipyge faisait aussi partie de ma liste de mots rares !
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🤓
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[…] : l’Oiseau-Tonnerre ; Lothar : le Chat de Schrödinger ; Jacou33 : Enfumage ; Tiniak : Feuille de ris ; Jobougon : Jusqu’à ce qu’ils se rendent compte ; John Duff : Les histoires […]
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[…] A.I. de mars – Feuille de ris […]
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chantant et un peu triste, avec de la joie au milieu ! bravo, prince des mots dits !
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Qui a la patte enfarinée sinon le chanteur de la ville rose ?
Quel chantier !
😜
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Beau texte doux amer… comme la vie.
John Duff
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Et ce qui lui survit, oui 🐛🌈🦋
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C’est très beau
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p……… de crabe ! un quintet matriarcal bien sympathique en tous cas et un A.I. réussi ! merci Tiniak, et merci à Photonanie qui nous envoie le grand Claude juste le jour des 20 ans de son départ !
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Bonne entrée en matière Tiniak 👍
Je te propose une illustration musicale d’à propos
https://www.youtube.com/embed/ZgXAxYK3bkI?si=uWX49wM9jJs0ilu0
Bonne journée.
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C’est vu, c’est pris ! Méhkii, Photonanie 😉
– Rhôlôlô, ça nous rajeunit pô…😏 quoique…-
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